Jean-Marc et Olivier Creton sont co-auteurs sur un projet qui leur tenait à coeur : l’oenologie. La connaissance des vins pour ceux qui ne suivent pas.
Je me suis rapproché de l’un des auteurs pour en savoir plus, car il y a fort à parier que sa méthode pourrait inspirer d’autres créateurs en herbes… ou en vin.
Aujourd’hui et pour ma première publication depuis fort longtemps, je voulais mettre en avant leur création de bande dessinée « artisanale ». Oui oui, une vraie BD réalisée avec les moyens du bord : « Balade entre amis autour du vin ».
Jean Marc Creton nous raconte la genèse de sa bande dessinée
Jean Marc Creton : Tout d’abord merci Gilles de t’intéresser à un sujet qui t’est si éloigné, si j’ai bon souvenir, tu ne bois que de l’eau et des sodas…
A tes questions, il me sera difficile d’être concis, sache que le vin rend bavard.
Gilles Aubin : Pourrais-tu te d’écrire en quelques mots ? Qui est Jean Marc Creton ?
Jean Marc Creton : Comme j’aime à le dire, je suis passionné de tous les Arts, mais maître d’aucuns. Autodidacte pratiquement dans tous les domaines, je papillonne d’un sujet à l’autre. En fait ce n’est pas tout à fait juste, lorsque je m’attèle à un sujet, je l’épuise, j’y investis toute mon énergie et lorsque j’estime en avoir fait le tour, je passe à un autre, et cela depuis 50 ans…
GA : Vouloir sortir une bande dessinée sur le vin est une idée originale. C’est une passion qui te tient depuis longtemps ?
JMC : Eu égard à ce que je viens de dire, ce sujet fait exception. Concernant ce thème spécifiquement, tout a débuté à l’âge de 15 ans et il nourrit notre passion encore aujourd’hui. Le sujet est par définition intarissable… Je crois que tout a commencé dans les années 74, 75, lorsque mon frère Olivier coauteur de l’ouvrage, revenant d’un voyage en Angleterre a ramené comme souvenir une bouteille de bordeaux achetée en duty free sur le ferry. Etrange n’est-ce pas ?!? Ce baptême avec un bon cru est à l’origine de la constitution de notre première cave. En ce qui me concerne, la passion s’est révélée un peu plus tard. Mais depuis nous n’avons jamais cessé de nous intéresser à l’univers du vin qui nous semblait alors inaccessible. Dès lors, avec les moyens qui étaient les nôtres, Olivier apprentis en boulangerie et moi encore lycéen nous sommes formé sur le tas flacon par flacon. Cette passion date donc de bien longtemps et bien des coudes se sont levés depuis.
Il y a près de 30 ans, nous avions avec un groupe de cinq amis décidés d’organiser au moins une fois par an une virée d’une semaine dans une région viticole de France. Certains vont consulter un Psy, nous notre thérapie pour lâcher prise des vicissitudes de l’entreprise était de s’adonner à une virée oeno-culturo-gastronomique, notre Compostelle, un parcours spiritus-vini. Il y a trois ans, Jean-Luc le pilier du groupe est décédé d’une rupture d’anévrisme en partant en clientèle. Et c’est en souvenir de notre ami que nous avons réalisé cet ouvrage.
GA : Ce n’est d’ailleurs pas une BD au sens strict du terme. Quelle technique as-tu utilisé pour les « dessins » ?
JMC : C’est juste, les pages de droite sont réalisées sous forme de bande dessinée dans lesquelles s’interpellent deux personnages, l’un candide, l’autre initié ou expert. La partie gauche, apporte un complément d’information sur le thème en cours. Les textes sont issus de recherches encyclopédiques, mais aussi de rencontres faites avec des viticulteurs, restaurateurs et autres passionnés de cuisines en général et de vin en particulier. Quant aux dessins ils ont tous été réalisé par moi-même avec une tablette graphique. Tu t’apercevras rapidement que je ne suis pas un dessinateur, c’est au pied du mur que j’ai dû me mettre à l’illustration.
Au départ j’ai fait appel à un certain nombre d’illustrateurs plus ou moins connus, certains ont écarté le projet directement, d’autres ont abandonné rapidement ayant mal estimé le volume de travail sans doute enivré par le sujet. Enfin, les plus sérieux m’engageaient sur un projet à 2 ou 3 ans d’attente. Et puis un beau jour, de retour d’un voyage en pays bourguignon, l’idée m’est venu de tenter une maquette et progressivement celle-ci a abouti à ce résultat. Maintenant, l’idée de base étant d’initier les débutants la forme importe moins que le fond.
La maquette s’inspire de photos souvenir de nos virées. Tout est redessiné, colorisé et adapté dans un décor techniquement et volontairement différents de la ligne claire des personnages. Certains décors sont dessinés en mode contour, d’autres en 3D par un ami infographiste spécialisé dans les décors d’intérieur. Par contre, dans le chapitre « Le vin et son terroir », les personnages dessinés sont posés sur des paysages photographiques d’un vignoble que nous avons parcouru. Le tout avec une veille version de PaintShop Pro X2 pour réaliser les dessins, Word 16 pour la mise en page : Montage de fonds de page, personnages, bulles et textes, et enfin Soda Pdf pour l’impression chez l’imprimeur.
Evidemment, ce ne sont pas les outils les mieux adaptés, mais au départ, l’idée était de composer juste un chapitre. J’étais loin de me douter de l’ampleur du travail, et au bout d’un moment, il est trop tard pour faire marche arrière.
GA : Le scénario aussi est original. Tu étais seul à la commande ?
JMC : Les thèmes sont co-écrits avec olivier, la relecture et les corrections par Nathalie notre soeur. C’est un travail en famille. Les scénarios se veulent simples et ludiques bâtis sur le principe simple du question/réponse.
GA : Pourquoi avoir fait le choix de l’autoédition ? Les éditeurs n’ont pas apprécié le projet ?
JMC : L’autoédition pour être totalement libre. Le but n’est pas d’en faire un best-seller, mais juste une petite production amicale. Les autres solutions, ne profitent qu’à l’éditeur qui se sert généreusement à tous les niveaux. Je te rappelle que nous sommes oenophiles et non oenologues, de fait nous préférons le jouer discret. C’est un ouvrage écrit pas des pensionnés pour des passionnés non professionnels.
Maquette en main et plein de doute sur le sérieux du projet, j’étais allé flâner dans les allées du salon de bandes-dessinées de Lys-lez-Lannoy pour discuter avec un éditeur. C’est lorsqu’il m’a dit qu’il était intéressé par le sujet. Que le concept était original et inédit… Et qu’il m’a encouragé à poursuivre sans oublier de protéger l’œuvre que la machine s’est mise en route.
GA : Quel canal as-tu choisi pour vendre ton ouvrage ?
JMC : Mon stock est quasi vide. Je suis rentré dans mes frais mais je n’ai vraiment pas encore pris la décision d’une date de réédition. Pour le moment la vente en directe (l’album est vendu 23€) passe par l’adresse mail inscrite au dos du livre : jmo.contact@free.fr
J’attends les premiers retours. Si le volume devait augmenter, j’irais sans doute m’étaler soit dans les surfaces dédiées soit en passant par Amazon.
Merci Jean-Marc pour tes réponses et bonne chance pour tes ventes 🙂