Dans sa bouteille depuis plusieurs centaines d’années, Génie flottait mollement sur l’océan depuis qu’une tortue luth l’avait délogé de son trou d’un coup de nageoire pour pondre sur la plage. Il s’occupait depuis de la meilleure façon qui soit pour un homme de 25 cm coincé dans un récipient hermétique : la méditation. Il observait ainsi le ciel au travers de la paroi épaisse du flacon translucide, chaque jour qui passait, en attendant d’être découvert.
Sur une mer un peu plus torturée que les autres jours, au loin, il vit un bateau faire son apparition.
Contrairement aux autres, celui-ci avait une trajectoire qui pourrait permettre à Génie d’être aperçu. Malgré la puissance extraordinaire qu’il avait en sa possession, il ne pouvait cependant pas forcer le destin et dû donc attendre que le hasard veuille bien lui offrir l’opportunité d’être découvert par un des marins du bord, avide de richesses, de conquêtes féminines et de grandeur. Le bateau passa en fait si près de la bouteille que celle-ci fut entraînée par les tourbillons entourant la coque. Aspirée vers le fond, la flasque cogna et roula sous la quille, et arrivée à la poupe passa à deux doigts des hélices.
– Tiens et si elle se cassait ? se demanda Génie.
Puis la bouteille fut embarquée par les mailles du filet et les heures suivantes ne lui permirent d’observer que les fonds marins et les poissons pris au piège.
Puis, Génie vit les fonds remonter, passer de rocailleux à sableux et se parer d’étranges merveilles : d’étonnantes roues creuses et noires, des carcasses de ce qui lui semblait être des véhicules, d’autres bouteilles comme la sienne, mais dans une matière moins solide et même des pièces de squelette humain… bref, un souk sous-marin fantomatique, décoré d’algues dansantes en tous genres.
Alors que Génie s’attendait à tomber dans ce capharnaüm oublié par le temps, il se sentit soulevé. La lumière jaillissante l’éblouit un court instant. Lorsqu’il pu distinguer à nouveau son environnement, son logis de verre soufflé se trouvait cette fois à une dizaine de mètres au dessus d’un port. Très différent de ce qu’ils étaient dans son souvenir, il ne put y voir aucun 3 mâts, ni aucune galère. En revanche, Génie découvrit des vaisseaux d’une taille extraordinaire entièrement faits de métal, manœuvrant des filets géants emplis de poissons. Prodigieux.
Soudain, plusieurs secousses firent danser sa bouteille et elle se décrocha brusquement du cordage ou elle était accrochée. Une pensée fugace pour ses voisins à écailles lui traversa l’esprit. Ils passaient probablement là leurs dernières heures avant macération dans une soupe.
Le sol arrivait vite. Génie serra les mâchoire en attendant le choc :
– Cassera, cassera pas ? Mais sa chute fut amortie par un amas de cordages roulés là pour un usage ultérieur. Bon ! Dit-il résigné. Pas encore pour cette fois.
Planté là au sein du chanvre enroulé, il soupira, s’assit dans le fond de sa bouteille et attendit en regardant le goulot. La patience était la première leçon apprise par Génie et il avait quelques siècles de pratique. Il sentait cependant que l’heure était proche où il serait découvert.
– Demain, je prend l’air ! Sourit-il.
Il fût réveillé abruptement et n’eut que quelques secondes pour émerger de son sommeil car la bouteille… venait d’être frottée.
Un personnage au visage ridé, à l’odeur forte et au nez rougi par des années de vinasse le regardait d’un air ahuri :
– Qu’eeeeeeest-ce que c’est que… ?
– Bonjour, commença Génie rôdé sur la procédure, Grâce aux pouvoirs immenses que je détiens sur le temps, la matière et l’espace, le geste que tu viens de faire fait de toi l’homme le plus puissant de ce monde, continua-t-il. En effet, je ne peux désormais plus te quitter avant d’avoir exaucé 3 de tes vœux les plus chers. Ordonne, finit-il en exécutant une petite révérence, et j’obéirais !
`La suite, la suite!!!!!!!!!!